IPGL ASBL

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La langue comme vecteur de la culture : Vers une acculturation et une disparition des langues Pygmées en RDC !

Par Maitre Innocent BISIMWA

0. Contexte de la journée internationale des Peuples Autochtones du 9 aout

Le 9 août commémore la Journée internationale des peuples autochtones dans le monde entier.
Une date marqua le jour de la première réunion, en 1982, du Groupe de travail des Nations Unies sur les populations autochtones de la Sous-Commission de la promotion et de la protection des droits de l’homme
Cette année, la célébration de la journée internationale sera consacrée à l’Année internationale des langues autochtones 2019.

En cette journée spéciale consacrée aux peuples autochtones, à leurs droits humains, à leurs langues, à leur histoire ancienne et à leur riche culture, plusieurs activités ont lieu dans le monde entier à titre d’exemple celle d’IPGL asbl tendant un plaidoyer favorable à la reconnaissance des droits des peuples autochtones.

1. Peuples Autochtones et les langues

Par  peuples autochtones, on attend ceux qui sont celles qui, liées par une continuité historique avec la pré-invasion et avec les sociétés précoloniales qui se sont développées sur leurs territoires, se jugent distinctes des autres éléments des sociétés qui vivent actuellement sur ces territoires, ou des parties de celles-ci
.
Les peuples autochtones vivent dans toutes les régions du monde et possèdent, occupent ou utilisent environ 22 % des terres émergées.
Avec au moins 370 à 500 millions d’habitants, les peuples autochtones représentent la plus grande partie de la diversité culturelle du monde et ont créé et parlent la majeure partie des quelque 7 000 langues du monde. De nombreux peuples autochtones continuent d’être confrontés à la marginalisation, à l’extrême pauvreté et à d’autres violations des droits de l’homme. 

L’engagement pris dans l’Agenda 2030 de ” Ne laisser personne derrière soi ” donne un nouvel élan pour que les priorités des peuples autochtones soient entendues.  Suite à l’adoption de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones par l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2007 et des Directives du Groupe des Nations Unies pour le développement (GNUD) sur les questions autochtones publiées en 2008, il est de plus en plus important que les agences des Nations Unies, dont l’UNESCO, envisagent comment fournir des conseils sur la façon de s’engager auprès des peuples autochtones

 

2.Les savoirs des peuples autochtones

L’expression “savoirs des peuples autochtones” fait référence au savoir et au savoir-faire accumulés au fil des générations, et testés et adoptés au cours des millénaires, qui guident les sociétés autochtones dans leurs interactions avec le milieu environnant.

Savoirs des peuples autochtones dans les stratégies d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets l’avantage des savoirs

le dynamisme inhérent aux systèmes de savoirs des peuples autochtones est au cœur de leur capacité d’adapter et de modifier leurs actions en réaction aux modifications de l’environnement.

Ainsi, dans la des régions, les populations autochtones utilisent leurs savoirs traditionnels relatifs à
l’environnement et à la faune et la flore sauvages (par exemple la fréquence des pluies, la floraison de certaines plantes, l’apparition de certains animaux, l’accouplement d’animaux, l’incidence des infestations de ravageurs, etc.) pour choisir le moment des semis et celui de la récolte.

3.La langue et la culture

Aucun peuple ne peut se développer  dans la langue d’autrui dit-on ! Et la sagesse africaine renseigne qu’on réfléchit bien dans sa propre langue. 

« La langue est une manifestation de l’identité culturelle, et tous les apprenants, par la langue qu’ils parlent, portent en eux les éléments visibles et invisibles d’une culture donnée. » Pour eux, la langue parlée ou bien le discours représente les traits de la culture d’origine du locuteur, elle est donc le porteur culturel. Le discours dépend des habitudes culturelles d’un groupe ethnique, exprimant une forme de pensée culturelle, il représente une dimension culturelle.

Comme le constate Charaudeau « ce ne sont ni les mots dans leur morphologie ni les règles de syntaxe qui sont porteurs de culturel, mais les manières de parler de chaque communauté, les façons d’employer les mots, les manières de raisonner, de raconter, d’argumenter pour blaguer, pour expliquer, pour persuader, pour séduire ». Qu’en est-il des autochtones  pygmées de la RDC  qui ont perdu leurs langues du fait des expulsions dont ils ont été victimes ?

Les langues autochtones sont un facteur important dans un large éventail de questions autochtones, notamment l’éducation, le développement scientifique et technologique, la biosphère et l’environnement, la liberté d’expression, l’emploi et l’inclusion sociale.  
Toutefois, de nombreux peuples autochtones continuent d’être confrontés à la marginalisation, à l’extrême pauvreté et à d’autres violatio


4. L’acculturation et la perte des langues Pygmées : causes !

La plupart des communautés autochtones pygmées de la RDC ont perdu leurs langues originelles dont les vestiges restent chez les anciens seulement et qui y font recours spontanément. Dans certains coins  et particulièrement  dans les forêts de l’ancienne  province de l’Equateur, certains pygmées parlent encore de Kicwa qui est considéré comme étant leur langue.

Les différentes évictions, spoliations et expulsions des pygmées sur leurs terres traditionnelles ont eu un impact sur leurs langues en les obligeant d’adopter les langues des zones ou régions  d’accueil.

A titre illustratif, les autochtones pygmées expulsés du PNKB parlent généralement la langue des populations bantoues avec lesquelles ils vivent. Dans l’aire géographique des terres qui sont devenu  l’actuel PNKB, les pygmées étaient en contact, pour le territoire de Kabare avec les Bashi et parlaient Mashi ; pour le territoire de Kalehe avec les Bahavu, les Batembo, les Bahunde, les Banande et parlaient Kihavu, Kitembo, Kihunde et Kinande ; pour le territoire de Walikale, avec les Bakano, les Banyanga, les Maningi, les Baundila, les Bakanjo et les Bafuna et parlaient les dialectes de ces ethnies.


Les droits linguistiques des peuples autochtones doivent faire partie intégrante du programme des droits de l’homme.

5. Conclusion et recommandations

Les peuples autochtones sont un groupe vulnérable qui mérite une attention particulière. Les peuples autochtones sont généralement plus vulnérables à la marginalisation économique et sociale, l’exploitation ou l’exclusion. Pour ces raisons, une attention particulière en termes de consultations appropriées et de soutien différencié doit être fournie afin d’aider les peuples autochtones à faire face à leur réinstallation et à améliorer leur état de subsistance, conformément aux lois nationales.

Pour ce faire, nous recommandons :

Au Gouvernement congolais,

  • D’adopter des politiques garantissant les droits des Peuples Autochtones tout en ayant un regard sur le conflit entre Pygmées et Parc national de Kahuzi-Biega ;
  • De diligenter une enquête  indépendante  sur les évènements  survenus dans le parc national de Kahuzi-Biega.

Aux autochtones Pygmées,

  • De Protéger comme le parc national de Kahuzi-Biega comme patrimoine culturel en dénonçant toutes les personnes qui l’exploite abusivement profitant de leur présence ;
  • De valoriser leur savoir endogène ainsi que leur culture.

Aux ONG de la société  civile.

 

  • De renforcer leur plaidoyer pour la défense des droits des peuples autochtones Pygmées et Communautés locales ;
  • De continuer à mener en synergie leurs activités en vue de défendre les droits des communautés bénéficiaires des actions.